[Textes de Montesquieu, Hume, Diderot, Rousseau, Kant, Nietzsche, Alain, Reboul, Comte-Sponville]

Pourquoi l’engagement humanitaire, qui force unanimement l’admiration en tant qu’action, se révèle-t-il si difficile à penser sous l’angle de ses motivations et de ses justifications éthiques ? Fonder philosophiquement l’humanitaire dans l’humanisme, c’est risquer de se voir reprocher un « humanitarisme » jugé suspect.
Au 19ème siècle déjà, l’humanitarisme est soupçonné de diluer la réalité des relations particulières entre les hommes dans l’idée trop abstraite d’humanité universelle. A l’amour de l’homme en général, accusé alors de faire le jeu d’un pacifisme antipatriotique, on préfère le principe chrétien de l’amour du prochain.
Dans les années 1990, le docteur Rony Brauman met en garde contre la récupération humanitariste de l’action humanitaire. Les griefs sont d’un autre ordre : au mieux l’humanitarisme entretient à peu de frais la bonne conscience de l’occident, au pire il conjugue dans la condescendance le néo-colonialisme des pays riches.
Quelques textes philosophiques nous aideront à revenir à la question même : quel est le ressort de l’engagement humanitaire en l’homme ? Quelles raisons, quelle morale, quelles dispositions conduisent un homme à vouloir aider cet autre qu’il ne connaît pas, à secourir cet anonyme étranger à son champ d’existence et dont la détresse ne touche en rien son propre intérêt ? Est-ce un devoir ? Est-ce un impératif de la raison ? Est-ce un mouvement de la sensibilité ? Et pourquoi serait-il dangereux d’insinuer que c’est une certaine idée de l’homme ?

[Discussion ouverte au public, entre des élèves du Lycée Eugène-Jamot et des intervenants du colloque Tropiques en Marches – Textes disponibles en ligne sur www.espace-Jamot.fr]