En cette année de commémoration du premier conflit mondial, cette exposition propose de revenir sur la représentation de cette guerre par les artistes peintres qui le plus souvent en ont été témoins directs voire acteurs.

En règle générale, ces peintres ont progressivement modifié leur regard sur la guerre et sa représentation, passant de l’exaltation à la dénonciation. Chacun, en effet, tente de saisir l’indicible brutalité des combats après un premier temps de fascination pour cette première guerre moderne de l’histoire. Même ceux qui s’étaient
engagés par élan patriotique glissent ensuite vers la désillusion.

Si la guerre tourne le dos aux traditionnelles scènes de bataille, la guerre semble briser également les avant gardes
du début du XXème siècle : cubisme, fauvisme, futurisme… car il s’agit de trouver une nouvelle façon de capter la réalité des combats. Les artistes sont marqués par les progrès technologiques de cette guerre « industrielle ». Ainsi, Fernand Léger représente des soldats totalement déshumanisés dans « la partie de cartes ». Les futuristes de leur côté, veulent aussi peindre le conflit de façon moderne. Ils s’écartent alors du figuratif au profit de l’éclat des couleurs, de la brisure des lignes. Les expressionnistes allemands veulent montrer l’angoisse, le sentiment d’horreur que leur inspire la guerre comme c’est le cas pour Otto Dix.

Mais tous sont confrontés à la difficulté de rendre compte de l’horreur des combats. Comment par exemple peindre l’éclat d’une explosion d’obus qui ne dure que quelques secondes ? Pour l’historien G.J. Kern : « aucun pinceau, jamais plus, ne pourra embrasser la démesure du champ de bataille moderne, les masses fouissant dans la terre, le combat des machines… ».

Beaucoup d’artistes sont mobilisés. Certains combattent. D’autres sont enrôlés dans les sections de camouflage tel André Mare. Parmi les peintres d’autres encore sont missionnés pour représenter la guerre par le Musée de l’Armée, le sous-secrétariat d’Etat des Beaux-Arts ou les corps expéditionnaires (par exemple les Dardanelles représentées par Henri Valensi). Pour l’Etat il s’agit d’établir une passerelle supplémentaire entre l’Arrière et le front.

Ainsi, jamais avant 1914-1918, un conflit n’a été l’objet d’une mise en image aussi intense. Du front occidental au Moyen-Orient, circulent des milliers de représentations du quotidien des soldats, de la modernité de la guerre. Toutes marquent durablement la mémoire de la Grande Guerre.