de gauche à droite : Jérôme MALHOMME – Ripeur, Yohann GÉRARD – Chef d’équipe, Thierry MIMÉRO – Ripeur, Henri GRELLET – Conducteur/Ripeur, Alexandre THIBOUST – Ripeur, Christophe LEMEUNIER – Ripeur, Emmanuel DELPATRIE – Ripeur, Romain DELPATRIE – Conducteur
À l’échelle du département de la Creuse, l’une des particularités de notre communauté de communes est qu’elle exerce en régie la collecte sélective des ordures ménagères généralisée sur l’ensemble de son territoire. Elle est financée par une Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) dans le cadre de la compétence « protection et mise en valeur de l’environnement ». C’est donc naturellement que ce service de ramassage et de traitement des déchets, plus couramment appelé « OM » pour Ordures Ménagères est intégré aux Services Techniques de notre collectivité. (…)
Le conducteur de BOM (Benne à Ordure Ménagère) travaille en collaboration avec les de ripeurs (éboueurs). Ensemble, ils assurent une mission de salubrité publique. Ils collectent et transportent les déchets produits par les ménages. Il faut avoir de très bonnes dispositions physique et mentale, avoir le sens du service public, être assidu et très matinal, communiquant avec les riverains et très vigilant aux usagers de la route. Les conducteurs repassent leur permis pro tous les 5 ans. Le chauffeur a la responsabilité des deux collègues à l’arrière mais également la responsabilité du camion au prix exorbitant et il doit encore donner le rythme pour s’assurer que la collecte respecte bien les horaires.
Néanmoins la principale difficulté est une fatigue qui n’est pas tant physique que nerveuse.
Car si le métier d’éboueur « fascine les enfants », il reste « un métier qui n’est pas valorisant », et qui souffre d’une « mauvaise image ». D’une même voix, les collègues interrogés décrivent ce sentiment « d’être bien souvent invisibles aux yeux de tous ». L’un d’eux le résume ainsi : « Les gens ne nous regardent pas, ne nous disent pas toujours bonjour et beaucoup ne jouent pas le jeu. Les Rs* finissent encore bien souvent en OM* ». Une perte de temps et un danger, pour nos collègues qui peuvent se blesser avec des morceaux de verre, aiguilles et autres objets coupants qui traversent l’emballage plastique. De drôles de bestioles peuvent aussi surgir des ordures, comme cette vipère cachée sous des petits bacs ou encore une peau de sanglier gisant d’un sac à gravats se souviennent-ils.
Aux odeurs pas toujours très agréables s’ajoutent des conditions de travail qu’il faut être capable d’endurer. Il faut manutentionner des kilos et des kilos de charges tout en parcourant des kilomètres à pied, le tout additionné aux bruits des véhicules.
« On se fait des frayeurs régulièrement » souligne l’un d’entre eux car en effet, il faut avoir les yeux partout. Sur les deux gars accrochés à l’arrière. Sur la route, pour éviter piétons, vélos ou véhicules qui passent à proximité du camion. Dans les impasses, les demi-tours sont difficiles. Dans les ruelles étroites, le passage « se joue aux millimètres parfois ! » et lorsqu’il fait froid et qu’il gèle « bien souvent on patine », parfois c’est dangereux.
Côté ripeur, bras et jambes supportent le gros de la tension. Descendre et monter du marche-pied, tirer les bacs… Compliqué ? Non. « Mais il faut prendre le rythme ».
Du chiffonnier du XIXe siècle à l’éboueur contemporain, le travail des déchets a toujours été dévalorisé dans l’imaginaire collectif. Pourtant, aujourd’hui, nos collègues prennent part activement à la limitation de l’accumulation sans fin des déchets dans l’espace public. L’enjeu sanitaire et environnemental est énorme, il est grand temps de les valoriser dans un effort collectif de reconnaissance matérielle et symbolique.
*RS: recyclables secs
*OM: ordures ménagères