Balade « Cycle de l’eau dans la commune de Felletin » – 12 mai 2018
Des réservoirs d’eau potable de Beaumont à la station d’épuration en passant par les bords de La Creuse.
Evénement organisé par la commune de Felletin le 12 mai 2018 dans le cadre de la fête de l’écotourisme
Animateurs :
Philippe Collin, élu de la commune de Felletin, du Syndicat d’Adduction d’Eau Potable de la Haute Vallée de La Creuse et de la Communauté de communes Creuse Grand Sud,
Louis Cauchy, directeur du service environnement de la communauté de Commune Creuse Grand Sud et chargé de projet du contrat de rivière « Creuse amont ».
Une vingtaine de personnes ont participé à la balade et aux échanges.
Relevé des échanges :
En introduction les grands points de la gestion de l’eau en France sont rappelés :
D’une part, elle s’appuie sur un ensemble de textes législatifs et réglementaires,
> La Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques
> Le Code de l’Environnement
> Le Code de la Santé Publique
> Le Code Général des Collectivités Territoriales
> Qui déclinent aussi la Directive européenne Cadre sur l’Eau
D’autre part, un ensemble d’acteurs sont impliqués,
> Les Agences de l’Eau
> Les services de l’Etat
> Les collectivités territoriales et leurs groupements
> Et un ensemble d’acteurs publics et privés impliqués sur différentes thématiques
Traditionnellement la gestion de l’eau a tendance à être cloisonnée, les thématiques « eau potable », « assainissement », « milieux naturels » et « usages » font l’objet d’une gestion et d’acteurs bien spécifiques et séparés alors qu’elles touchent une même et unique ressource et sont donc pourtant nécessairement interconnectées.
Aujourd’hui, une nouvelle volonté politique tend à envisager une gestion davantage transversale dite « intégrée », motivée notamment par les évolutions prévues par la création d’une nouvelle compétence intercommunale obligatoire (la Gestion de l’Eau et des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) et les transferts envisagés des autres compétences « eau » aux l’intercommunalités.
Si le Syndicat d’Adduction d’Eau Potable de la Haute Vallée de La Creuse entend préserver son mode de gestion, la Communauté de communes Creuse Grand Sud développe quant à elle une démarche locale visant à construire une gestion intégrée de la ressource en eau du territoire, c’est notamment l’objet du Contrat de rivière Creuse amont qui est en phase d’émergence.
La balade proposée vise, au fil du parcours, à évoquer les différentes thématiques « eau » et les enjeux associés, à l’échelle locale de la commune de Felletin.
Actuellement, à l’échelle de la Communauté de communes Creuse grand Sud, la gestion de l’eau potable, ou le « service public d’eau potable », est assurée par les communes et elle est organisée soit de manière individuelle et conduite en régie ou par un prestataire, soit par le regroupement de plusieurs communes en syndicats et conduite en régie ou par un prestataire. L’ensemble des situations possibles de gestion se rencontre sur les 26 communes de l’intercommunalité.
La loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) prévoit le transfert des compétences « eau » (eau potable et assainissement) aux communautés de communes à l’échéance 2020, mais devant les difficultés d’application des discussions d’ajustements sont en cours.
Le Syndicat d’Adduction d’Eau Potable de la Haute Vallée de La Creuse regroupe les communes de Felletin, Croze et Clairavaux et il est à cheval sur deux communautés de communes. Son devenir apparait incertain.
Aux réservoirs d’eau potable de Beaumont
A 600 m d’altitude, les réservoirs de Beaumont sont constitués de 3 unités de 700 m³, 200 m³ et 200 m³. Ils sont alimentés par un réservoir intermédiaire (celui de La Brousse à Croze), lui-même alimenté par les captages de Gioux, de Clairavaux, et de Boucheresse qui sont situés à une altitude supérieure permettant un fonctionnement du réseau en gravitaire. Le renouvellement total de l’eau du réservoir de 700m3 se fait en une journée environ. La consommation quotidienne de Felletin est actuellement de 650m3, elle était de 850m³ vers 2010, ce qui signifie une prise de conscience générale de la nécessité de limiter les consommations.
Notion « d’étiage » : il s’agit de la période critique pour l’alimentation de la commune en eau (fin-septembre/octobre), où les niveaux des cours d’eau sont au plus bas. Les étiages sont de plus en plus fréquents, marqués et longs.
Les captages : toutes les eaux collectées par la commune de Felletin proviennent de captages des eaux de précipitations, dans des zones non cultivées (forêts). L’eau met environ 15 jours à traverser le sol, de sa surface jusqu’au dispositif de captage enterré.
Notion de « bassins versants hydrographiques » : il s’agit des aires collectant et concentrant les écoulements vers un même exutoire. Cette notion est essentielle et la gestion de la ressource en eau exige d’être réalisée à cette échelle géographique.
Les « zones humides » : ce sont des réservoirs naturels où l’eau des précipitations est retenue dans le sol, D’une importance majeure elles assurent un ensemble de fonctions essentielles au bon fonctionnement des milieux aquatiques :
> Réservoirs hydrologiques pour fournir de l’eau au cours d’eau tout au fil de l’année
> Réservoirs de biodiversité riche et spécifique
> Fonction épuratrice
> Fonction de régulation des crues par stockage des fortes précipitations
> Fonction agricole en fournissant des surfaces de pâturages
Les Agences de l’eau sont des organismes de l’état qui ont pour mission la gestion de la ressource en eau à l’échelle des grands bassins versant du territoire français. Notre territoire faire partie de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, celle-ci collecte une redevance qui finance ses activités et un ensemble de dispositifs d’aides. A notre échelle, secteur de sources dit de « tête de bassin versant », nous avons une grande responsabilité de préservation de la ressource qui va s’écouler vers les autres territoires.
Au bord des berges de La Creuse
Le projet de Contrat de rivière Creuse amont, porté par la Communauté de communes Creuse Grand Sud, est une démarche contractuelle qui vise à construire et à développer une gestion « transversale » de la ressource en eau locale, cohérente et au service du territoire, en s’associant avec l’ensemble des acteurs concernés. L’intégration des acteurs nécessite néanmoins un minimum d’organisation et de structuration, ainsi l’implication d’un groupe d’usagers locaux devrait passer par un regroupement associatif.
Fonctionnement optimal d’un cours d’eau : le cordon de végétation qui accompagne les cours d’eau, « la ripisylve » doit être entretenu car il contribue à l’équilibre de l’écosystème en protégeant les berges. Il convient de privilégier la diversité des essences et la diversité de l’âge des sujets pour une ripisylve dynamique et assurant pleinement ses fonctionnalités.
Retenues d’eau artificielles et ouvrages de barrages : étangs, plans d’eau, pêcheries, étangs…il y plus de 25 000 retenues d’eau artificielles en Limousin. Leur présence constitue une problématique à part entière car elle peut perturber l’équilibre des écosystèmes : réchauffement, évaporation, développement d’espèces inadéquates et blocage des écoulements naturels. Ce dernier point fait référence à la perturbation de la « continuité écologique » des cours d’eau, provoquée par la présence des infrastructures construites notamment pour l’exploitation de la force motrice de l’eau et qui provoque le blocage des écoulements hydrauliques naturels de l’eau, de la circulation des poissons et des sédiments charriés.
La réglementation relative à la gestion des plans d’eau et des barrages est complexe et spécifique ; chaque situation doit être étudiée au cas par cas. En effet, il est nécessaire de prendre en compte, au-delà de la perturbation et de la mise aux normes administrative, les usages associés à l’infrastructure et ses opportunités en matière de gestion. En effet, les solutions à apporter sont variées et l’abandon de la gestion de ces infrastructures constitue souvent une des principales problématiques.
A la station d’épuration de la ville de Felletin
Visite et présentation en présence des techniciens de la société Véolia.
La station d’épuration des eaux usées de la commune est usée et a été surdimensionnée dans l’optimisme des années 70 prévoyant l’agrandissement de la commune. Le réseau de collecte des eaux usées est en séparatif (eaux de pluie/eaux usées) sur seule la moitié du bourg ce qui représente un gros volume d’eau « peu sale » à traiter en cas de pluie. Ce réseau est sous-dimensionné dans la partie basse du village, surdimensionné dans la partie route de Vallière où était attendue la croissance du bourg. A ce jour, la station est en fin de vie et l’installation ne fonctionne que partiellement.
La société Véolia, dans le cadre d’une prestation ponctuelle, est missionnée par la commune pour :
> Remettre en service une partie de l’équipement et en assurer la maintenance,
> Traiter les boues produites par une gestion dans la station de la commune d’Aubusson
> Apporter un regard et conseil technique à la commune dans le cadre du projet de réhabilitation
Le partenariat entre la société privée et la commune est précisé : l’intérêt réside surtout dans la capacité de la société à apporter son expérience et sa compétence technique. Au-delà, elle permet à la commune de bénéficier aussi d’avantages économiques liés à l’importance du groupe dans la réalisation de prestations ponctuelles, notamment pour la fourniture de matériels. L’échelle communale et la technicité exigée ne permette pas à ce jour de développer une compétence interne qui permettrait une plus grande conduite en régie.
Une étude est en cours pour permettre de chiffrer plusieurs scenarios et solution de réhabilitation et de gestion de la station :
> Restaurer l’infrastructure existante
> Construire une nouvelle installation avec plusieurs options
> Retraiter les boues par l’installation existante d’Aubusson suffisamment dimensionnée pour mutualiser cette opération
Une autre étude en cours porte sur la gestion de l’alimentation en eau potable de la commune.
Du retard a été pris sur ces dossiers car le bureau d’étude prestataire a fait faillite. Un nouveau prestataire a repris récemment le marché mais il doit acquérir des compléments de données : rapport des deux études attendu en fin d’année 2018.
La visite et les échanges se concluent autour d’un verre de l’amitié offert par la mairie de Felletin.
Outre l’intérêt et la curiosité des participants, la réussite de la visite réside dans la qualité des échanges qui ont permis d’éclairer et d’expliquer la situation actuelle, les acteurs impliqués, les enjeux et les responsabilités de chacun. Il est proposé de poursuivre ces échanges par l’organisation d’une nouvelle rencontre qui pourrait prendre la forme d’une réunion de travail consacré à l’approfondissement de certains points plus spécifiques à définir.